Nous avons recueilli le témoignage d’Anthony Le Lez, Directeur Général de Cadiou, et depuis 16 ans dans l’entreprise. Il nous présente une pratique adoptée par les producteurs depuis quelques années : la mise en place de couverts en fleurs juste après la récolte d’échalotes.
Cadiou est une entreprise bretonne productrice d’échalotes, d’oignons rosés de Bretagne, d’oignons de Roscoff AOP mais aussi de légumes frais (artichauds, brocolis, pommes de terre…) basée à Plouzévédé dans le Finistère. Elle travaille en contrat avec des producteurs locaux depuis le début des années 2000. Cadiou leur propose de s’engager dans des démarches de qualité, ainsi elle devient la première entreprise bretonne à s’engager dans la labellisation BEE FRIENDLY.
Comment vous est venue l’idée de mettre en place des couverts après la récolte d’échalote ?
Cadiou est engagé depuis longtemps sur les questions d’agroécologie, par exemple nous avons créé en 1998 un groupe de 15 producteurs innovants.
Sur la question des couverts, nous sommes en réflexion depuis plusieurs années pour permettre aux terres de se reposer davantage, aujourd’hui c’est un sujet dont les producteurs sont conscients, ainsi nous avons organisé des formations sur la vie du sol. La mise en place de couverts est aussi encouragée dans différents cahiers des charges comme celui de BEE FRIENDLY.
Les producteurs ont commencé des essais de couverts avoine-seigle, et depuis 2 ans nous travaillons sur des couverts plus diversifiés avec des crucifères, des légumineuses et des graminées : par exemple phacélie, trèfle et radis. Ils permettent d’apporter des ressources pour les pollinisateurs comme ils sont laissés fleuris.
crédit photo – Cadiou
Concrètement comment les producteurs mettent en place ces couverts ?
Les couverts sont semés par les producteurs juste après la récolte : en aout-septembre. En Bretagne il y a encore de la pluie à cette période donc pas de problème pour la levée des couverts.
Les couverts sont laissés jusqu’à l’implantation de la culture suivante au printemps : chou d’été, artichaud, pomme de terre, blé de printemps… Ils sont alors détruits par broyage ou chimiquement. Les producteurs peuvent adapter les couverts en fonction de la culture suivante.
L’avantage pour les abeilles : la majorité des couverts arrivent à floraison avant implantation de la culture suivant (sauf si le couvert a été semé trop tard) et apportent donc des fleurs supplémentaires !
Quel a été l’impact des couverts ?
Les producteurs ont remarqué que les cultures suivantes se comportent mieux, la propreté des parcelles s’est également améliorée et la gestion des adventices est plus facile. Nous avons constaté une diminution des intrants utilisés derrière. Et bien sûr les couverts apportent plus de fleurs pour les pollinisateurs.
Cette pratique est en train de rentrer dans les mœurs, les producteurs mettent en place des couverts même sur des parcelles non soumises à un cahier des charges.
crédit photo – Cadiou
Des bandes fleuries sont également mises en place en bordure des parcelles des producteurs : pourriez-vous nous en dire davantage ?
Oui, nous fournissons en début d’année des sacs de semences de fleurs diversifiées à mettre en bordure des parcelles d’échalotes pour les producteurs. Nous mettons en place ces bandes fleuries annuelles depuis 2 ans, au printemps, en évitant la période janvier – avril qui est trop pluvieuse pour les levées. Attention à éviter les repousses dans la parcelle de la culture suivante !
Ces pratiques des couverts et bandes fleuries ont-elles favorisé vos relations avec les apiculteurs locaux ?
Oui, je dirais qu’elles ont renforcé les échanges avec les apiculteurs locaux. Les apiculteurs sont contents d’être consultés et aiment connaitre les pratiques des producteurs.
Le fait d’intégrer des couverts variés et de laisser reposer le sol a surpris quelques apiculteurs dans une région ou l’enchainement des cultures étaient encore le précepte il y a quelques années.
crédit photo – Cadiou
Comment sensibiliser les producteurs pour mettre en place des pratiques favorables à la biodiversité ?
Notre but avec les producteurs est de les amener à la réflexion, qu’ils comprennent pourquoi ils peuvent changer telle ou telle pratique. Je travaille avec un groupe d’agriculteurs donc la parole peut se libérer, il n’y a pas de jugement. e groupe d’agriculteurs se connait bien, cela fait 16 ans que je les suis !
Au-delà de proposer des semences gratuites, nous organisons chaque année un événement en juin : un rallye échalote qui permet notamment de voir l’état sanitaire des parcelles. Il y a 2 ans le rallye avait inclus un atelier sur les auxiliaires animé par la conseillère de la chambre d’agriculture de Saint Pol de Léon, avec qui nous collaborons très bien et depuis 20 ans. Ces collaborations de long terme permettent d’implanter des changements de pratiques de manière durables.
Nous tenons à remercier chaleureusement Cadiou pour son engagement exemplaire en faveur des insectes pollinisateurs et nous espérons que ces actions encourageront d’autres agriculteurs à suivre cette voie.
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