Flavescence dorée : comment réduire l’impact des traitements sur les abeilles ?

14 Juin 2023 | Non classé

Chaque année en juin sont annoncées par arrêté préfectoral les dates des traitements insecticides contre la cicadelle vectrice de la flavescence dorée, traitements de lutte obligatoire pour les viticulteurs. Dans certains secteurs particulièrement contaminés, comme le bassin Bordelais, ces traitements concernent une grande majorité de viticulteurs.

En agriculture conventionnelle, plusieurs produits sont autorisés et ils n’ont pas tous la même dangerosité pour les pollinisateurs.

L’outil Toxibees vous informe de manière simple et fiable sur leur profil afin d’adopter les meilleures pratiques vis-à-vis des pollinisateurs, sans diminuer l’efficacité de la lutte.

1.      Choisir les produits les moins toxiques pour les pollinisateurs : tau-fluvalinate et étofenprox à privilégier

6 molécules sont autorisées pour lutter contre la cicadelle de la flavescence dorée.

Premièrement, concernant votre choix de produit, vérifier l’autorisation du produit en floraison de la culture et la mention spe8. C’est la phrase de prudence spécifique à la protection des abeilles.

Ensuite, en utilisant le module de comparaison « Ma sélection » sur Toxibees nous pouvons analyser en un coup d’œil leurs différents profils et des différences notables s’observent.

  • Les substances actives les moins nocives pour les pollinisateurs sont le tau-fluvalinate et étofenprox, et présentent un Toxiscore de C
  • La deltaméthrine et la cypermethrine sont à éviter en priorité (elles sont interdites d’utilisation dans le cas de la certification BEE FRIENDLY) avec un Toxiscore de E, elles présentent un très haut niveau de dangerosité pour les pollinisateurs
  • Nous recommandons fortement d’éviter les substances actives ayant un Toxiscore de D : lambda-cyhalothrine et esfenvalérate, qui sont également déconseillées dans le cadre de la labellisation BEE FRIENDLY.

En agriculture biologique, seul le pyrevert est autorisé, son toxiscore est C. Il présente un danger important pour les pollinisateurs par contact ou ingestion mais présente une assez faible persistance dans l’environnement. Le traitement de nuit est donc tout à fait indiqué pour réduire son impact sur les abeilles.

Pour plus de détail sur l’effet de ces molécules sur les abeilles, consultez les fiches de chaque molécule dans l’outil Toxibees.

2.      Traiter en absence d’abeilles dans les parcelles : traiter la nuit et tondre votre couvert

Pour éviter l’exposition des abeilles lors du traitement, veillez à traiter en l’absence d’abeilles dans les parcelles :

  • Si la vigne est en floraison au moment des traitements, les traitements doivent être effectués de nuit de préférence : en effet, la fleur de vigne, bien que peu attractive pour les abeilles, peut bien être visitée par les abeilles comme source de pollen selon des études scientifiques. De plus, lorsque des trappes à pollen sont installées sur des ruches à proximité de vigne en floraison, du pollen de vigne peut bien être capté.
  • Par ailleurs, détruire votre couvert s’il est en fleur, en amont des traitements insecticides, assurera également l’absence d’abeilles dans les parcelles. C’est une obligation de l’arrêté abeilles de 2021.

Toxibees vous donnera, molécule par molécule des recommandations de pratiques à éviter et favoriser en fonction du profil des molécules.

Pour visiter Toxibees et en apprendre plus sur l’interaction entre molécules phytosanitaires et abeilles : www.toxibees.certifiedbeefriendly.org, un outil développé par BEE FRIENDLY grâce à l’appui scientifique du CNRS, de l’INRAe et de l’ITSAP. Toxibees est un projet Ecophyto.

3.      Le dialogue avec les apiculteurs locaux

Apiculteurs

Il est également important de prévenir les apiculteurs environnant vos parcelles des traitements que vous allez effectuer.

Pour cela si vous en connaissez, vous pouvez les rencontrer dès l’automne ou l’hiver et les prévenir de la période de flavescence dorée (mi-mai-mi juin), et leur communiquer vos pratiques mises en place pour réduire votre impact sur les abeilles, ainsi que le produit habituellement utilisé.

Enfin, dès que les dates de traitements sont connues, les prévenir en détaillant :

  • La date et l’horaire des traitements
  • Le produit utilisé ainsi que le toxiscore de la substance active
  • Les pratiques mises en place pour réduire votre impact (traitement de nuit, tonte du couvert fleuri….)

Ils pourront si besoin déplacer leurs ruches ou les fermer.

Ces pratiques peuvent réduire drastiquement votre impact sur les pollinisateurs, surtout si elles sont appliquées collectivement donc n’hésitez pas à en parler aux autres viticulteurs et aux syndicats d’apiculteurs locaux.

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