Témoignage Verger la Blottière : Quelles actions à l’automne pour favoriser les abeilles dans son verger ?

12 Oct 2023 | Non classé

L’automne est une période au cours de laquelle plusieurs actions peuvent être réalisées en faveur des pollinisateurs ! Nous retrouvons ici le témoignage de Pierre-Yves Girard responsable technique au Verger de la Blottière depuis 42 ans, et Tiffany Guillard adjointe qualité Vergers.

Merci pour votre témoignage !

 

Carte d’identité technique :

     L’interview porte sur l’exploitation historique de 120 ha du groupe Verger de la Blottière, dans le Maine et Loire

      –  Production de pomme et de poire

      – 16 km de haies au total sont recensés sur l’exploitation

      – Autres éléments de biodiversité : étang, jachères fleuries, bois… Plus de 150% de surface de biodiversité* sur l’exploitation

       *méthode de calcul HVE – v3

  1. L’automne : la période idéale pour planter des haies !

« Depuis les années 90, nous plantons sur l’exploitation des haies avec des essences particulières, adaptées au secteur. L’idée est de les relier entre elles et d’en recréer !

 

En novembre dernier nous avons planté 500 mètres de haies, nous avons été accompagnés par une association locale qui travaille sur le bocage vendéen depuis les années 90 : ils ont répertorié les essences qui poussaient spontanément puis organisé les plantations. »

Nous avons implanté 18 essences au total.

Haies sur l’exploitation

Haies sur l’exploitation (crédit photo : Verger de la Blottière)

L’irrigation est indispensable l’été pour éviter les mortalités !

« Pour réussir les implantations il est important de penser à l’arrosage : nous installons une irrigation au goutte à goutte l’été sur la majorité des jeunes plants, de juin à aout. Nous mettons aussi du paillage au pied des arbres.

Ca marche puisque nous avons eu seulement 2-3% de mortalité sur les 500 mètres plantés, nous allons replanter quelques plants cet hiver. » 

Jeune haie implantée l’année dernière (crédit photo : Verger de la Blottière)

Pourquoi implanter des haies sur l’exploitation ?

« Nous avons toujours pensé qu’il fallait un bon écosystème autour des plantations pour favoriser ce qui est utile à la production. Nous mettons la biodiversité au centre de notre production pour avoir un équilibre naturel. Nous avons aussi travaillé sur la biodiversité par passion !

Notre objectif est d’attirer les pollinisateurs et les auxiliaires. Par exemple, pour attirer les mésanges, nous avons intégré des essences avec des baies. Les mésanges peuvent permettre de lutter contre les carpocapses !

Certains arbres attirent également plus de coccinelles que d’autres, utiles pour réguler nos ravageurs.

 

Depuis 1992 nous avons également des nids à mésange à proximité de toutes nos parcelles. »

2. Des semis de bandes fleuries à côté des parcelles…

« Cela fait 10-12 ans qu’on installe des jachères fleuries sur l’exploitation : des jachères annuelles ou pluriannuelles, la plupart sont semées au printemps.

Certaines sont semées à l’automne, pour une floraison en début de printemps. La floraison ne tombe pas en même temps que la floraison des vergers… Notre idée est d’attirer les auxiliaires et avoir des floraisons toute l’année, pour faire en sorte que les pollinisateurs s’installent durablement sur l’exploitation.

Les jachères peuvent fleurir plusieurs années car nous implantons des plantes vivaces. »

3. …Et dans les parcelles !

« Lorsque nous implantons une nouvelle parcelle, nous faisons systématiquement un semis à la fin de l’été ou en automne pour choisir ce qui va composer l’inter-rang ! Par exemple nous allons planter 5 ha cette année : en aout nous y avons semé un mélange de trèfle blanc, ray gras et fétuque. Les semences nous reviennent à 50-60 euros de l’ha (sans compter la main d’œuvre, le carburant…). On sème sur tous les inter-rangs, tous les 3,5 mètres. On a loué un semoir avec des disques au fournisseur des semences.

On effectue également ponctuellement des semis d’entretien si besoin, à l’automne après la récolte : en cas d’enherbement « fatigué » au bout de quelques années de semis, ou bien si l’enherbement a été accidentellement détruit à la suite d’un passage de tracteur sur sol humide. Dans ce cas le semis est fait sur 1 rang sur 4 ou 1 rang sur 5.

 

L’intérêt de faire les semis de trèfle et de graminées ? L’apport de matière organique au sol, et la stabilité du sol. »

 

Semis avant nouvelle plantation (crédit photo : Verger de la Blottière)

    Comment cet enherbement est entretenu dans l’année ?

    « Dans l’année, aucun broyage n’est effectué : la plupart du temps on couche avec un rouleau faca (avant les insecticides) puis on fait une fauche en été. On entretien l’enherbement comme cela depuis 10 ans.

    La fauche permet d’éviter une hauteur d’herbe trop haute pour faciliter le passage des salariés dans les vergers. »

     

    Avez-vous pu constater un effet de ces aménagements sur la régulation naturelle de vos ravageurs ?

    « C’est difficile à dire, la présence des ravageurs principaux, carpocapse et pucerons, n’a pas forcément baissé malgré ces implantations d’infrastructures favorables aux auxiliaires. Nous n’avons pas mesuré de bénéfice net de ces aménagements. Leur présence semble être liée à plusieurs facteurs (météo, efficacité des traitements, etc.). »

     

    4. Ramassage des abris à osmies avant l’hiver

    Photos des abris « fait maison ». Chaque trou bouché correspond à une osmie qui a pondu et mis de la nourriture pour sa progéniture (crédit photo : Verger de la Blottière)

    « Nous avons fait nous-mêmes des abris à osmies, qui sont des pollinisateurs très efficaces ! A l’automne nous ramassons les refuges* et nous les ressortons au printemps suivant. Nous avons initialement acheté des osmies mais espérons à terme que les osmies s’installent chez nous définitivement 😊 »

     

     

    *Les abris peuvent être laissés en extérieur tant qu’ils sont à l’abri de l’humidité : les abeilles ont besoin de sentir la température extérieure pour leur développement.

     

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